Un peu d'histoire sur le porto et sa ville
Le commerce du Porto
Le transport des barriques des vins de Porto était au centre des préoccupations durant le XVII ème siècle.
En effet, initialement les vins destinés à l’exportation étaient acheminés difficilement, par voie terrestre, sur les pentes rocailleuses de la vallée du Haut Douro, jusqu’à Viana do Castelo.
Quand en 1667, Colbert, premier ministre du Roi Louis XIV, freine les importations de denrées anglaises, le Roi Charles II d’Angleterre, lui, taxera puis cessera toute importation de vin français.
Les marchands anglais voient là une opportunité d’augmenter le commerce de vins du Douro et privilégient le transport des vins par barques à destination de Porto. A partir de 1678, le vin porte le nom du port duquel ils sont exportés. C’est à ce moment là que les marchands, aurait selon les grandes maisons anglaises, ajoutés de l’eau de vie afin de fortifier les vins en augmentant la teneur en alcool et les empêcher de s’altérer pour leur longue traversée de l’Atlantique. En 1710, les marchands de Viana do Castelo viennent définitivement à Porto pour y développer leurs activités vinicoles et commerciales.
L’année 1780 marque le démarrage d’un projet herculéen, la démolition des amas granitiques du Cachão da Valeira afin de permettre la navigation des terres reculées, à l’est du Douro, obstruées par une cascade formée par d’énormes affleurements rocheux. Les premiers bateaux arrivent à se frayer un passage dès 1789, deux ans avant l’ouverture définitive des gorges qui, même désencombrées, resteront longtemps d’un danger extrême pour les bateaux. Et puisque le transport fluvial, seul moyen d’acheminer les vins hors de la vallée, n’était pas possible depuis les terres en amont de Cachão, très peu de vignobles s’y établirent. Ce n’est donc qu’à partir de l’ouverture des gorges en 1791 que ce secteur se développe. Appelé le « Douro Novo » avant de devenir le « Alto Douro », il devient synonyme de qualité, voire d’exception, ce qui aura contribué au rayonnement des vins de porto.
Jusqu’à une époque avancée du 20e siècle, le commerce du porto dépendait de la rivière Douro, seule route praticable permettant d’assurer le transport des vins depuis les vignobles vers les chais (« loges ») des négociants de la côte. Les premières indications connues de barques acheminant le vin remontent à environ 1200 et concernent les « barcos taverneiras » ou barques de taverniers. Cependant, durant la plus grande partie de l’histoire du porto et jusqu’au XXe siècle, les bateaux effectuant ce travail étaient les remarquables « barcos rabelos » que nous pouvons admirer le long du quai de Vila Nova de Gaia.
Avant la construction au XXe siècle d’une série de barrages, le Douro avait un cours rapide. La rivière alternait passages calmes et eaux vives bouillonnantes, surgissant par endroits d’étroits canyons bordés d’abruptes parois. Souvent, ces rapides s’enchainaient, créant de redoutables obstacles très difficiles à négocier. Conçu pour se faufiler avec précision au travers des eaux vives, l’ancien « barco rabelo » était une barque à fond plat, de faible tirant d’eau pour éviter le piège des hauts-fonds, et munie en guise de gouvernail d’un long aviron de queue que l’on manœuvrait à partir d’une plateforme surélevée. Une large voile était déployée lors de la remontée de la rivière, avec recours au halage dans les parties à contre-courant puissant : la barque était tirée depuis la rive par des bœufs attelés, mugissant sous l’effort voir de nombreux hommes. Vous pourrez voir ici la construction de A à Z d’une barque « rabelo ».Le nombre de barques opérant dans la rivière semble avoir beaucoup varié, les estimations allant d’une cinquantaine en 1751 jusqu’à plusieurs centaines au plus fort du trafic. A partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, pour répondre à la demande sans cesse croissante en vins de porto, les « rabelos » furent de tonnage de plus en plus important, les plus grands transportant régulièrement entre 70 et 100 foudres de vin. Mais plus il fut lourd, moins le « rabelo » fut agile et capable d’éviter les écueils. La loi de 1779 établit donc une limite maximale de 70 foudres, les grands « rabelos » opérant au XXe siècle acheminant rarement plus d’une cinquantaine de pipas. La prééminence du transport fluvial du vin et d’autres marchandises volumineuses cessa avec l’amélioration des moyens d’accès au Douro, à commencer par l’arrivée en 1887 du chemin de fer traversant toute la vallée. L’abandon du « rabelo » comme mode de fret se fit au profit du transport routier, si bien que de 300 « rabelos » immatriculés en activité dans les années 1930, il n’y en eut plus que six en 1961 dont le tout dernier aurait effectué son ultime voyage commercial en 1964.
Extrait du blog de José-Manuel